Saint Rivoal, La chapelle St Michel de Brasparts

J’espère que vous avez passé un bon Noël. Après avoir mangé plus qu’il ne faut, prenons l’air. Allons au coeur des Monts d’Arrée.

Il y avait longtemps que je voulais voir cette chapelle pour plusieurs raisons. Une chapelle, seule, au sommet ça intrigue non? mais la beauté des lieux et tout le coté mystique qui s’y dégage m’intéresse encore plus.

Comme je suis partie quelques jours dans le Finistère cette semaine c’était l’occasion de faire une halte et de découvrir cette chapelle.

 

Une route vous emmène jusqu’en haut, reste quelques marches pour accéder au sommet. Il faisait beau mais le ciel était voilé, ça ventait énormément et vu les températures ça caillait vraiment. La chapelle dans le style le plus simple possible domine la région avec en arrière plan le lac de St Michel (Brénnilis) et le Yeun Elez.

C’est désertique autour, juste des nuances d’ocres, de vert et de bleu qui s’accentuent quand le soleil se lève ou se couche où la brume s’invite aussi rendant l’endroit encore plus mystique.

Il n’y a pas de nuisances sonores, il n’y a que le vent. Bon là il y avait beaucoup de vent et il était plutôt glacial ; Nous sommes tout de même à 381 m d’altitude ^^. On a pu rentrer dans la chapelle mais elle est vide, un petit autel fait de pierres avec quelques petites bougies et des petits mots écrits sur papier ou encore sur le mur….et lire beaucoup de bienveillance.

Nous n’avons pas vu grand monde, juste quelques randonneurs. Beaucoup de circuits pédestres sont à disposition pour découvrir les Monts d’Arrée.

Comme vous le savez, en Bretagne, ce ne sont pas les légendes qui manquent. Et autant vous dire que dans les Monts d’Arrée, elles ne sont pas en reste. Attention aux korrigans qui peuvent traîner par là ou encore l’Ankou….

 

 

Les origines

Avant le christianisme, le site était voué au Dieu celte du soleil, Belenos, par les druides.

Si le christianisme est déjà bien implanté en Bretagne, il n’y a qu’à voir toutes églises et chapelles, ce n’est qu’en 1672 que l’accord fût accepté pour la construction de la chapelle. Autorisation donnée par le Sieur de Kermabon, Seigneur de Plounevez du Faou qui était propriétaire de terres.

Simple oratoire au début, elle est consacrée en 1677 le jour de la St Michel, le 29 septembre. Sa construction sera terminée en 1679.  Si sa fréquentation baisse au 18ème siècle, elle sera ensuite surtout utilisée par les bergers jusqu’en 1860.

A la Révolution, elle est en état de ruines.

En 1820, elle renaît. Il était évoqué d’utiliser les ruines de la chapelle pour entretenir d’autres chapelles qui se situaient dans les environs mais grâce aux dons des paroissiens elle pu être rénovée. Une petite maison est construite à proximité pour les pèlerins. Elle sera de nouveau rénovée en 1892.

Le site sera utilisé par les allemands pendant les 2nd Guerre Mondiale. Un radar y avait installé de 25m*25m sur un rail circulaire de 22m, des vestiges y sont encore visibles au sol.

 

 

Les légendes

En contre-bas du Mont St Michel, le lac St Michel et le Yeun Elez. C’est une zone marécageuse de la rivière Ellez à la malheureuse réputation de la rivière des damnés. De là on dit qu’il y a les portes de l’Enfer qui passerait par le Youdig, un gouffre au milieu de la tourbière qui serait qu’entre autre les portes de l’Enfer. Rien que ça.

Il y a fort longtemps, il était d’usage de rejeter les mauvaise âmes, celles qui hantaient les vivants. Il fallait un prêtre exorciste, il connaissait les rituels et les secrets pour capturer ces âmes. Il faisait donc passer l’âme récalcitrante dans le corps d’un chien noir. De là, il fallait rejoindre le recteur de St Rivoal en prenant soin de s’arrêter dans chaque presbytère qui se trouvait sur le chemin sinon toute la procession était annulée.

Au coucher du soleil, les 2 prêtres aux pieds nus accompagnés du chien noir et d’une étole noire marchèrent jusqu’au coeur du Yuen Elez. Pour mener à bien cette tâche, il fallait ensuite emmitoufler le chien noir dans l’étole noire non sans mal évidemment, s’enfoncer dans le marais jusqu’à mi-jambe pour ensuite le précipiter dans le Youdig. On pouvait entendre l’Enfer…. des sifflements et des bruits sourds, la chaleur s’emparait des marais et seulement ensuite le calme revenait.

Cette légende fait froid dans le dos mais j’adore ça alors un petit conseil, ne vous aventurez pas dans le Yeun Elez à la tombée de la nuit, on ne sait jamais, vous pourriez tomber sur une procession qui je pense ne vous laisserait pas indemne ^^

 

 

« Youdic (petite bouillie) est une de ces appellations qui rendent à merveille la chose qu’elles désignent. A mesure que nous approchons de ce point du marais, le terrain se fait de moins en moins solide sous nos pieds. Les couches du détritus végétal sont, dans cette partie, encore tout imprégnées d’eau ; nous y enfonçons parfois jusqu’à mi-jambes. Après bien des tours et des détours, nous arrivons au cœur du Yeun. ; là s’étale une flaque verdâtre, d’un abord dangereux et de mine traîtresse. C’est la porte des ténèbres, le vestibule sinistre, le trou béant où l’on précipite les « conjurés ». Dès qu’on les y a lancés, il faut se coucher à plat ventre sur le sol et se boucher fortement les oreilles. Car un tremblement formidable secoue aussitôt les entrailles du Marais et d’horribles clameurs déchirent les airs. On attend, avant de se remettre en route, que le « sabbat » ait pris fin. Puis on se sauve au plus vite, en se donnant bien garde de tourner la tête pour regarder derrière soi. Malheur à qui enfreindrait cette règle. Des bras invisibles s’attacheraient à lui et l’attireraient dans les profondeurs invisibles.

    De même, si en traversant le Yeun, vous voyez « bouillir » l’eau du Youdic, hâtez-vous de fuir, sans chercher ce que cela peut être. Les imprudents qui se sont laissés aller à un mouvement de curiosité en ont été cruellement punis ; on n’a plus entendu parler d’eux. Il n’est pas rare que le silence de la nuit soit troublé par des abois furieux, comme des chiens qui s’entre-déchirent. C’est la meute des conjurés qui « fait des siennes ». Mais alors, au-dessus de la chapelle Saint-Michel qui couronne le mont, une lumière subite resplendit, et l’on voit apparaître dans cette auréole la forme gigantesque de l’Archange exterminateur. Il abaisse son glaive vers le Yeun, et tout rentre dans l’ordre.»

    « Sant Mikêl vraz a oar an tu d’ampich ioual ar bleizi-du » (« Le grand saint Michel sait la manière d’empêcher de hurler les loups noirs »)

— Anatole Le Braz, Les saints bretons – 1893

 

On raconte aussi que si Sieur de Kermabon a accepter la construction de cette chapelle c’est en remerciement à St Michel. On dit que les soirs de pleine lune le cheval du diable traîne dans le secteur. Il perd les âmes qui s’y promènent en utilisant le brouillard pour ainsi les emmener en Enfer par le Youdig du  Yeun Elez. Mais St Michel a fait plusieurs miracles sur ce lieu notamment nommée Menez Kronan  (ou encore la Motte Cronon) notamment d’avoir fait cesser une épidémie. Cette chapelle a ainsi été construite en référence à St Michel.

Et pour sa construction, les charges étaient lourdes. Bien que les pierres étaient extraites sur place il fallait tout de même les acheminer au sommet de la montagne. A bout de force les hommes décidèrent d’abandonner le chantier et en redescendant de la montagne. Ils croisèrent un paysan d’un village voisin qui leur demanda pourquoi ils abandonnèrent la construction. En entendant leurs réponses, le paysan leur répondit qu’ils pouvaient remonter et qu’ils auraient toutes les pierres  dont ils auraient besoin. Accompagné de ses chevaux, il chargea sa charrette de pierres et mena son attelage sans difficulté au sommet, c’était une première. Saint Michel était, donc, venu en aide à ces hommes.

 

 

Le chemin de randonnée autour du Yeun Elez.

140km de chemins balisés étendus sur 8 communes.

 

 

Précisons

Je pense que ça ne vous a pas échappé non plus ^^. Nous sommes à St Rivoal et la chapelle porte le nom de St Michel de Brasparts.

Alors pourquoi ?

La chapelle dépendait à la base du recteur de Brasparts … jusque là ça va. Chose que j’ai apprise du coup, il y a ce qu’on appelle une trève, c’est une succursale de paroisse. Subdivision faite lorsque que le lieu de culte de la paroisse principale est trop loin. Donc ici, St Rivoal est une trève de Brasparts.

Cependant en 1836, St Rivoal devient une paroisse à part entière et par conséquent les territoires où se trouvent le Mont et la chapelle appartiennent donc à la nouvelle paroisse. Normal quoi ^^.  Mais il a été stipulé que c’est le clergé de Brasparts qui continuerait à en avoir la charge.  D’où la continuité du nom … de Brasparts alors qu’elle se trouve sur la commune de St Rivoal.

 

 

Les différents sommets des Monts d’Arrée, cliquez sur les pastilles vertes et vous aurez le nom et la hauteur.

 

Un petit aperçu en vidéo

 

Pour situer